Saint-Luc de Matane, l’incendie du 22 juin 1938
C’est par une belle journée chaude de juin que la population de St-Luc allait vivre un des pires désastres qu’elle n’ait jamais connu. Dans l’après-midi du 22 juin 1938, un incendie prit naissance dans la salle paroissiale, un grand vent soufflait du nord-ouest, ce qui activa le feu qui ne tarda pas à s’étendre aux maisons voisines.
Le centre du village est dévasté par le feu qui n’épargne rien, même les trottoirs de bois ne sont plus que cendres. Seules les maisons qui sont éloignées de la rue Principale ainsi que le presbytère et l’église seront épargnés. On a bien essayé d’éteindre l’incendie au début, mais les seaux d’eau n’ont pas suffit pour enrayer le feu.
Trois heures auront suffi pour mettre 27 familles à la rue. Le centre du village ressemblait à un vaste désert, seules les cheminées sont restées debout, comme si elles se chargeaient de nous rappeler qu’il y avait eu des gens, des habitations.
La misère émanant de ce sinistre est difficile à imaginer pour ceux et celles nés à l’époque subséquente, car on peut presque parler de deux époques différentes, celle d’avant le feu et celle d’après, tant cela a laissé des traces au cœur du village et de ses habitants.
Les gens touchés par le sinistre trouvèrent de l’aide chez des parents, des amis, où ils allèrent demeurer. Les encouragements et les dons ne se firent point tarder de Matane et des municipalités environnantes. Le député, monsieur Onésime Gagnon, alors ministre des Mines et des Pêcheries, se chargea d’envoyer dès le lendemain, un camion rempli de provisions et d’effets. Des sommes variant de deux à cinq cents dollars, obtenues des gouvernements fédéral et provincial, ont été distribuées. Rares les familles qui étaient assurées contre le feu.
Plusieurs personnes du village et des rangs donnèrent du bois pour la reconstruction et apportèrent leur aide.
À l’automne 1938, certaines familles étaient réinstallées de façon rudimentaire, mais au moins, elles avaient un toit pour l’hiver. Les quatre marchands se rebâtirent également au même endroit sauf un. On décida de déplacer la rue de l’église et de construire un couvent pour accueillir la congrégation du Saint-Rosaire.
La cause de l’incendie n’a jamais été éclaircie; il n’y a pratiquement pas eu d’enquête judiciaire, deux versions ont été avancées, le delco peut-être ou des enfants qui auraient joué avec le feu? Les gens avaient tellement à s’occuper pour s’en sortir, que l’origine du feu était peu à côté du désastre vécu.
ÉCOUTEZ la version audio (mp3)
Ref. St-Luc se raconte
Pierre-A, Simard
Société d’Histoire et de Généalogie de Matane