L’arrivée du train à Matane, en 1910, et l’impact sur l’aspect physique de la localité
Il y a 100 ans, en décembre 1910, les citoyens du village de Matane ont assisté, dans la liesse, à l’arrivée du train. Ce projet tant attendu ajoutait une infrastructure majeure au développement économique et commercial de la localité. Pendant les années de développement du projet, pendant sa construction en 1908-09 et surtout après 1910, on a vu Matane tripler de population. En effet, de 1 000 habitants environ en 1901, le village est passé à plus de 2 000 en 1911 et à 3 000 vers 1920.
L’économie et le commerce connurent alors un temps d’effervescence. Voici quelques exemples : en 1911, on assista à la fondation de la Caisse populaire Desjardins puis des hommes d’affaires créèrent une firme, la Compagnie Péninsulaire, pour explorer toutes les possibilités d’investissement. Ils mirent sur pied une imprimerie commerciale, laquelle lança bientôt le tout premier journal de Matane LE CRI DE L’EST. L’année 1912 ne fut pas en reste : une Chambre de commerce fut fondée. Et le gouvernement procéda à des travaux d’agrandissements aux installations portuaires afin de contrer la concurrence du rail. À la fin de 1914, la Banque Molson ouvrit une succursale. Il s’est ajouté, bien sûr, à tout cela un lot de petits magasins et commerces qui furent créés pendant les années suivant l’arrivée du chemin de fer en 1910.
Ce dynamisme économique s’est traduit par des changements dans la physionomie de la localité, surtout en son centre. En clair, Matane amorça son urbanisation. Des rues transversales à la principale ont été ouvertes : la rue Saint-Jean, la rue Saint-Georges et la rue Saint-Pierre, cette dernière nommée alors la rue de la Station car elle conduisait au train. Quant à cette rue principale, des deux côtés de la rivière Matane, la plupart des terrains la bordant trouvèrent preneurs et se couvrirent de résidences et surtout de bâtiments commerciaux et institutionnels. Voici quelques exemples de vastes bâtiments construits en dur, c’est-à-dire en brique : en 1912, la Commission scolaire éleva, devant l’église, le collège Saint-Antoine; en 1913, le gouvernement a bâti un bureau de poste, agrémenté d’une tour d’horloge; puis en 1914, l’édifice Côté-Bergeron se dressa avec sa masse assez imposante; finalement, soulignons, en 1916-17, l’agrandissement du couvent Bon-Pasteur.
Voilà donc, en résumé, l’impact que l’arrivée du train a eu sur le développement physique et urbain de la localité de Matane après 1910.
Georgy Bouffard
Société d’histoire et de généalogie de Matane
