Au début de juillet 2006, les médias du Québec ont diffusé la nouvelle de la découverte d’épaves de navires enfouis au fond du Saint-Laurent. En effet, à la faveur de travaux de cartographie des fonds marins effectués par le Service hydrographique du Canada, basé à l’Institut Maurice-Lamontagne, nous pouvons maintenant être certains de la localisation de quatre épaves.
Des vérifications effectuées depuis ces découvertes ont permis d’identifier deux des quatre épaves. L’une est celle du CAROLUS dont nous vous parlerons aujourd’hui.
L’épave du CAROLUS gît au fond du Saint-Laurent depuis le 9 octobre 1942, alors que le navire fut torpillé par un sous-marin allemand, au cours d’un des épisodes de la Bataille du Saint-Laurent. Le navire faisait alors partie du convoi NL-9, en direction de l’Atlantique. Propriété de la compagnie finlandaise Ohlsson Steamship Company et réquisitionné par le ministère canadien de la Défense nationale, d’un tonnage brut de 2,375 tonnes, d’une longueur de 85 mètres et d’une largeur de 20 mètres, le CAROLUS comptait trente membres d’équipage. Attaqué par le sous-marin U-69, commandé par le capitaine-lieutenant Ulrich Gräf, le navire a coulé et entraîné dans la mort onze des trente membres d’équipage. Son épave repose à une profondeur de 245 mètres, à environ 15 kilomètres au large de Pointe-aux-Senelles, situé à l’est du village de Sainte-Flavie.
Il est bon de souligner que l’attaque du CAROLUS par le sous-marin U-69 constitue l’acte de guerre de la marine allemande perpétré le plus à l’ouest en territoire canadien. Cette attaque a fait figure de symbole au sein du monde militaire des pays Alliés. Il a semé l’inquiétude et le désarroi en raison de l’avancée remarquable et inquiétante des sous-marins aussi profondément dans le Saint-Laurent.
Il faut préciser toutefois que le torpillage de ce navire marchand fut le dernier effectué dans le Saint-Laurent au cours de la funeste année 1942, qui avait connu la perte de plus de 20 navires marchands ou militaires depuis le mois de mai précédent.
Une dernière observation : aussitôt l’attaque complétée, le U-69 a poursuivi sa route en direction du golfe du Saint-Laurent. Quelques jours plus tard, au cours de la nuit du 13 octobre, il attaquait le navire de passagers CARIBOU, qui faisait la traverse entre North Sydney, Nouvelle-Écosse, et Port-aux-Basques, Terre-Neuve. Le navire comptait 237 passagers (incluant le personnel d’équipage); de ce nombre, 138 périront dans les eaux froides du détroit de Cabot.
Louis Blanchette