En 2012, on célèbrera le 80e anniversaire de la francisation du nom de Baie-des-Sables. Depuis toujours, chez les gens ordinaires et dans les conversations, on utilisait le terme Baie-des-Sables. Mais chez les élites, les notables et au conseil municipal, on employait surtout Sandy Bay car, lors de son incorporation officielle, la localité avait adopté le nom de municipalité de Sandy Bay. Ainsi, dans tous les documents officiels et légaux, le terme anglais avait cours. Le nom Sandy Bay prit sa place et s’ancra dans l’esprit de la population avec les années.
Certains citoyens de la localité déplorèrent cette situation et cette anglomanie servile. Désespérait-on de pouvoir modifier cela? Non, mais on constata que l’action individuelle et isolée n’était pas la solution. Une démarche collective a donné des résultats.
En effet, en 1929, on vit la fondation à Baie-des-Sables, d’une branche de l’A.C.J.C. : l’Association catholique de la jeunesse canadienne. L’organisme a été la cheville ouvrière de la francisation du nom officiel de Baie-des-Sables avec monsieur Georges Ratté à sa présidence.
Avant de réussir, en 1932, la francisation du nom de la localité, signalons quelques autres faits d’armes de l’A.C.J.C. dans les années précédentes. À Baie-des-Sables même, l’organisme réussit, en coopération avec les marchands locaux, à refranciser les affiches commerciales placées dans les magasins. Elle étendit même son action vers Saint-Ulric où elle demanda à la compagnie de chemin de fer du Canada et du Golfe de remplacer l’enseigne WHITE RIVER de la gare par RIVIÈRE BLANCHE. La firme accepta.
Pour la francisation du nom officiel Sandy Bay, l’Association catholique de la jeunesse canadienne a dû travailler avec patience et discrétion. On a fait l’éducation de la population pour avoir son appui. Au cours de l’hiver 1932, des pressions ont été engagées directement sur le conseil municipal. Les grands responsables de ces démarches furent messieurs Gérard Labrie, Adolphe Arsenault et Aimé Bellemare. Dans son livre consacré à l’histoire de Baie-des-Sables, l’auteur Robert Fournier rapporte que la lutte s’engagea et s’intensifia de mois en mois. Tantôt les conseillers acceptèrent la proposition, tantôt on la refusa sous l’influence du secrétaire Olivier Lévesque. Les membres de l’Association sont revenus à la charge à chaque séance cet hiver-là. Après ces mois d’efforts, le conseil accepta unanimement de faire reconnaître officiellement le nom de municipalité de Baie-des-Sables mais à condition que l’A.C.J.C. paie les frais! Ce que l’organisme fit avec plaisir.
Georgy Bouffard