Madame Elspeth Russell, une Matanaise au Panthéon de l’Air et de l’Espace du Québec
De toutes les Matanaises qui se sont illustrées ici ou ailleurs, on ne peut ignorer l’une des plus célèbres, madame Elspeth Russell.
Bien que née à Montréal, ― car la grossesse de sa mère nécessitait des soins particuliers ― Elspeth Russell était la fille de Matanais, William Russell et Éleanor Noble. Elle vécut la plus grande partie de sa vie à Matane. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale a été déclarée en 1939, la jeune femme venait de compléter un baccalauréat à Montréal et voulut jouer un rôle actif pour la défense de son pays. Elle entendit parler d’une organisation britannique, la Air Transport Auxiliary (ATA) qui, contrairement au Royal Air Force Ferry Command, acceptait les femmes pilotes pour le convoyage des avions de combat. Le seul problème pour Elspeth était qu’elle n’avait jamais volé! De plus, en raison du rationnement en carburant, les aéroclubs civils avaient pratiquement tous cessé leurs activités.
À force de détermination, Elspeth réussit à voler en duo à la Curtiss-Reid de Cartierville puis effectua son premier solo le jour de ses 20 ans, le 14 septembre 1942. En 1943, elle a finalement joint l’ATA et réussit son test en vol à Dorval aux commandes d’un Harvard. Elle dut cependant mentir sur son âge, n’ayant pas encore 21 ans…
Sa formation de pilote s’est poursuivie en Angleterre . Son instructeur nota que, malgré son peu d’expérience et sa petite stature, Elspeth était déjà un pilote possédant des aptitudes supérieures à la moyenne. Les pilotes de l’ATA débutaient par convoyer des avions légers puis passaient sur de plus gros appareils. Elspeth convoya 32 types différents d’avions, parmi lesquels Spitfire, Mustang, Hudson, Hellcat, Wellington, Mosquito, Beaufighter, Dakota, etc. Il n’y eut que cinq aviatrices canadiennes au sein de l’ATA. Parmi ce groupe très sélect, Elspeth Russell fut la seule Québécoise.
En 1945, Elspeth épousa en Angleterre un autre pilote de l’ATA, Gerry Burnett. De retour au Canada en 1946, le couple s’établit à Matane, où un aéroport venait d’être inauguré. L’idée leur vint de fonder une compagnie aérienne qui prit le nom de Matane Air Services, et dont nous avons déjà parlé dans une chronique précédente.
Seule Québécoise à piloter au sein de l’ATA durant la guerre, Elspeth Russell fut pendant des années la seule femme pilote commerciale au Québec.
C’est à juste titre qu’elle fut intronisée, à titre posthume, au Panthéon de l’Air et de l’Espace du Québec, en 2002.
Gracia Drapeau