Vitrine de la mémoire vivante
En collaboration avec le Musée de la mémoire vivante de St-Jean-Port-Joli et la Société d’histoire et de généalogie de Matane, M. Gérald Tremblay et une équipe de bénévoles de centre communautaire pour aînés, Relais Santé, ont monté le projet Vitrine de la mémoire vivante. Celui-ci consiste en la cueillette de témoignages et de récits de vie auprès des aînés de la MRC de Matane. Voici un texte composé par une bénévole impliquée dans le projet.
EN CE TEMPS-LÀ
LE TEMPS AVAIT DU TEMPS
Spontanément, j’ai accepté l’invitation. Je ne me doutais nullement à ce moment là de l’intérêt fulgurant qu’allait susciter en moi ce projet La Vitrine de la mémoire vivante. Interroger les gens, faire de la recherche, enregistrer des récits de vie, c’est faire enquête sur cette période du passé dont les témoins encore vivants acceptent de faire un retour sur leur histoire. Recueillir et engranger dans un musée des récits de vie m’a semblé passionnant, d’autant plus que pour moi, chaque être humain représente une fresque en soi; et cette dimension m’a captivée dès le début. Enfin, tout un l’univers s’ouvrait pour mes années de retraite qui se cherchaient une nouvelle vocation.
La Vitrine de la mémoire vivante, c’est aussi prendre à bras raccourci ce temps, avec l’écoute de ces récits de vie de monsieur et madame tout le monde qui tissent la GRANDE HISTOIRE de notre planète. N’avons-nous pas souvent cette nostalgie de l’époque où le temps avait du temps ? Comment faisait-on sans électricité ni eau courante ? Sans automobile, ni téléphone, sans télé ni ordinateur ? La fulgurance technologique de notre époque, avec la venue des ordinateurs, a créé un énorme fossé entre nous et nos aînés. Ceux-ci se sentent étrangers, invisibles, prisonniers dans la solitude de leur passé : c’est pourquoi notre visite les rend heureux, les réjouis et leur fait un bien immense car ils redécouvrent une source identitaire, une forme de reconnaissance afin que l’on se souvienne d’eux dans le respect de nos origines.
Vivre le projet de La Vitrine de la mémoire vivante c’est ressentir l’urgence devant la fuite du temps qui emmène avec lui des milliers d’histoires incroyables de naissances, de famille, de drames, de travail acharné pour la survie, d’amours jeunes et âgés, de joie et de souffrances. C’est aussi et surtout le besoin de transmettre, de laisser une petite trace à nos enfants et petits enfants des générations futures. La Vitrine de la mémoire vivante, c’est ouvrir une grande page sur ces vies intergénérationnelles pour contrer l’oubli de ces héros ordinaires dont l’incroyable récit nous projette dans un monde insoupçonné, celui peu banal de l’histoire de tout et chacun. Quel plaisir de partager cette intimité devant le micro, moments privilégiés gravés à jamais grâce à l’exploration d’une géographie méconnue.
Chaque enregistrement de vie devient alors une capsule de temps projetée dans l’infini. Pour nous de la génération des baby-boomers, qui avons cru réinventer le monde, c’est l’occasion de faire acte d’humilité face à ces êtres d’antan qui ont labouré et dessouché la terre que nous foulons. C’est tout-à-coup devenir responsables de ces vécus qui, sans la mémoire enregistrée, faute d’avoir été racontés, sombreraient dans l’oubli.
Ginette Couture, bénévole, VMV.